Chambre du capitaine Wise

Messages : 29 Date d'inscription : 03/01/2009 Age : 31

On avait placé Daniel dans une petite chambre du deuxième étage aussitôt après qu'il ait reçu les soins nécessaires.
Les murs étaient blancs. Le mobilier était impeccablement propre. Tout était trop stérile, trop ordonné.

Une large bande lui ceignait l'épaule ainsi qu' une partie du torse. Il devait donc fournir un intense effort pour se redresser dans ses oreillers ou, plus simplement, pour boire une gorgée d'eau. Les effets de la morphine qu'on lui avait administrée s'atténuaient peu à peu. Parfois, un rictus de douleur le faisait pâlir.

Il se demandait si on avait déjà posté un soldat armé jusqu'aux dents devant sa porte, si le NCIS tarderait à boucler son enquête, si ses frères lui rendraient visite bientôt, ...
Il s'ennuyait.

L'agent spécial Gibbs n'était pas resté bien longtemps sur les lieux où s'était produit l'aggression du capitaine Wilse, non, il avait préféré laisser ses agents là-bas et aller voir comment se portait le blessé. Jethro détestait lorsqu'un marin' était blessé, tout les marin's sont comme des frères même si ils ne se connaissent absolument pas, voilà l'une des raisons qui ont poussées Gibbs a faire ce boulot là plutôt qu'un autre après l'armée.

Arrivé à l'hôpital, on lui avait indiqué la chambre de Wilse il était donc monté à l'étage et une fois devant la porte il frappa et attendit qu'on lui permette d'entrer dans la pièce du convalescent.

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Un coup, puis deux sur le panneau de bois de la porte.
Enfin, quelqu'un venait le distraire un peu de son ennui !

-Entrez !

Il fut étonné d'avoir à faire à un presque sexagénaire au cheveu grisonnant, à la mâle assurance et l'air pourtant un peu contrit. Un inconnu. Pas un frère, pas un camarade de marine. Un inconnu. Sa bonne éducation le retint tout de même de lui demander son identité avant quelques formalités.

-Bonjour Monsieur...

Il toussota, gêné. Devait-il lui offrir de s'assoir maintenant ? Ou attendre qu'il se présente ?

Ayant entendu le «Entrez!» du capitaine, Jethro s'était donc permit de rentrer dans la chambre du bléssé. L'homme avait l'air fort étonné de ne pas le connaître, mais bon en même temps cela est tout à fait normal.

Bonjour capitaine, je me présente agent spécial Gibbs, NCIS.

Il sortit sa carte de sa poche intérieure de veste et la montra au capitaine Wilse pour lui prouver que ceci n'était pas du tout une blague, on ne sait jamais, parfois les gens pensent que c'est une farce alors que ce n'en est pas une mais alors pas du tout enfaite.

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-Ha...Vous avez fait vite.

Il aurait souhaité être un peu plus éloquent. C'était raté.

Le seul agent qu'il se souvenait avoir vu chez lui avant de partir aux urgences était un post-adolescent aux cheveux gominés, à l'oeil juvénile, gribouillant son carnet de note avec application. Dans son état, il était probable qu'il ait oublié la présence des autres.

Il vit Gibbs sortir sa carte et y jeta un oeil distrait. Ce geste-là, il l'avait vu exécuté des dizaines de fois auparavant dans de vieux films policiers en noir et blanc. Cette fois, c'était réel.

-J'aurai préféré vous faire meilleur acceuil mais...

Il désigna d'un mouvement de tête son bras immobilisé.

Jethro rigola tranquillement en voyant bien que le pauvre n'est pas réellement au meilleur de sa force. Il prit une chaise et s'asseya à côté du lit du capitaine.

Je vois bien oui.

Il prit son carnet et un stylo, après tout il devait faire son boulot, non?!
Vous souvenez de quelque chose capitaine? Le moindre petit détail peut nous être utile vous savez...

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Le sourire bienveillant de Gibbs contrastait énormément avec sa stature, plutôt imposante.
Il était rassurant. Charismatique, aussi. Le genre de type qui ne dormait jamais seul, peut-être.

Daniel ignora sa question et en posa une autre, d'un ton pressant, presque paniqué.

-On me laissera retourner au front ? Avec ça...

Il porta sa main à son épaule et la massa avec douceur.
Savoir s'il pourrait ou non retourner se battre, c'était obsessionnel.
Il était suspendu aux lèvres de Gibbs et aurait voulu le secouer de toute ses forces pour l'obliger à répondre plus vite.

Oh ne vous en faîtes pas une fois remise, votre épaule ira très bien et vous retournez en Irak...mais c'est bien la première fois que je vois un marin's aussi préssé d'y retourner. Vous n'avez pas de famille à Washington? Pas de petite-amie avec qui vous préfèreriez être plutôt qu'en Irak?

Oui, Gibbs dissimule ses questions, il fait son boulot c'est tout!! Après tout, si le capitaine ne veut pas lui répondre de façon direct notre agent spécial va lui faire cracher le morceau d'une autre façon. Une façon qu'il n'appréciait pourtant guère mais quand on a pas le choix on a pas le choix.

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Il y eu un instant de flottement avec que Daniel n'explose d'une joie très démonstrative et remercie Dieu avec ferveur, les yeux brillants. En même temps qu'il adressait un franc sourire à Gibbs, sa main restait crispée sur son bras à tel point que les jointures de ses doigts blanchirent.

-Vous devriez comprendre agent Gibbs : Une fois qu'on est engagé, on est Marin' ou rien du tout. C'est viscéral, pas vrai ? Ma famille est toujours à Atlanta, où je suis né. Je n'en ai plus de nouvelles depuis des années. Je m'en fiche.

C'était vrai. Les liens familiaux étaient sans doute la dernière chose qui aurait pu le retenir de retourner en Irak.
Quant à avoir une petite amie...

-Je suis célibataire. Ca me convient très bien, d'ailleurs. Je crois que la vie en couple n'est pas mon fort !

Il émit un petit ricanement timide.

Lorsque le capitaine Wilse en vînt à dire «Une fois qu'on est engagé, on est Marin' ou rien du tout» Gibbs ne put s'empêcher de sourire. Il avait tellement raison cet homme, les Marin' c'est une vie, pas un engagement temporaire, non, c'est un engagement à vie même si on est plus en service, il suffit de regarder l'agent spécial Gibbs.

Pas de petite amie, il ne parle plus à sa famille, très bien, tout cela noté sur son calepin, Jethro se décida finalement à tenter une seconde approche pour lui demander si il se souvenait de quelque chose durant son aggression.

Vous souvenez-vous de quoi que ce soit par rapport à votre aggression capitaine?

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Daniel se racla la gorge et pris un instant pour y réfléchir. Il avait ressassé son scénario de nombreuses fois, avec tous les détails. Sa réponse pris donc la forme étrange d'une récitation apprise par coeur.

-He ben...Par où commencer ? Aux environs de midi, j'étais chez moi, assis dans le salon. Et puis tout à coup, on a frappé à ma porte. Je me suis levé. J'ai fait quelques pas pour aller ouvrir et un homme est entré.

Il resta muet quelques temps pour laisser le temps à l'agent Gibbs d'assimiler tout ce qu'il lui disait.

-Il a pas dit un mot, s'est dirigé droit vers la commode, a chargé son revolver avec les munitions que j'y gardais. Il devait savoir où je les rangeais parce qu'il a pas hésité à ouvrir le tiroir.

L'agent spécial Gibbs était étonné et pour cause, un marin ne laisse pas quelqu'un entrer chez lui sans réagir, c'était quoi cette histoire? Bizarre, très bizarre même.

Et vous n'avez rien tenté pour l'empêcher d'entrer chez vous?

Dit comme cela, nous aurions pu croire à toute une mise en scène qui aurait mal tourné entre deux amis ou deux connaissances.

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La suspicion, dans la voix de l'agent Gibbs, était trop évidente pour que Dan ne s'en aperçoive pas. Il haussa un sourcil, croyant que Gibbs allait préciser sa question...Ca n'était pas le cas. Son euphorie disparue, il répondit très calmement.

-Si, bien sûr que j'ai essayé de l'arrêter; je suis pas encore tout à fait sénile.

Un coup d'oeil rapide vers l'agent lui permit de voir s'il était ou non d'humeur à rire un peu.

-Mais il était beaucoup plus grand que moi ! On s'est presque battu...Et après, il a dirigé son flingue vers moi et il a tiré, comme ça.

Il fit mine d'appuyer sur la gachette d'un revolver imaginaire, formé par son index et son majeur.

D'accord, et avez-vous remarqué le moindre petit signe particulier de votre aggresseur, je ne sais pas quelque chose comme le fait qu'il soit gaucher ou droitier, qu'il boite, je ne sais pas...

Le moindre petit détail ou indice pouvait les aider alors Leroy Jethro Gibbs ne devait strictement rien laissé au dépourvu, il connaissait bien trop bien justement son travail depuis le temps qu'il bosse pour le NCIS maintenant.

Je sais que cela n'est pas simple mais essayez de vous souvenir capitaine, c'est important.

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Malgré la patience dont il faisait preuve, Daniel sentait bien que tout ce qu'il pouvait répéter à l'agent Gibbs ne le satisfaisait pas vraiment. Comment l'en blâmer ? Avec aussi peu de précision, les chances de retrouver un coupable étaient peut-être dérisoires...
Il se redressa un peu dans ses oreillers, fronça les sourcils et débuta une laborieuse énumération des détails dont il n'avait pas encore parlé.

-Droitier, oui...Avec des gants et une cagoule noire...Un pantalon de treillis...Peut-être dans les 1m80...

Il jeta un oeil à Gibbs pour évaluer sa taille, par rapport à celle de son agresseur.

-Vous pouvez demander aux vieux du quartier; ils ont rien d'autre à faire de leur journée que de r'garder ce qui se passe chez les autres...

«Droitier, oui...Avec des gants et une cagoule noire...Un pantalon de treillis...Peut-être dans les 1m80...» Jethro marquait sur son petit calepin tout ce qui pouvait l'aider lui et son équipe à retrouver l'aggresseur du capitaine.

Mes collègues sont en train d'interroger vos voisins capitaine.

Il replia son calepin et rangea son stylo dans sa veste ainsi que le calepin bien entendu.

Pensez-vous que quelqu'un vous en veuille...ou du moins avez eu des problèmes dernièrement avec un collègues...?

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Daniel hocha la tête d'un air pénétré lorsque Gibbs lui dit que des agents s'occupaient déjà de ses voisins. La remarque avait été faite sur un ton très courtoit qui, cependant, ne l'empécha pas de se sentir un peu idiot. Les types du NCIS connaissaient sans doute assez leur job pour que personne n'ait à leur donner de conseils.

Le capitaine s'apprêtait à adresser à Gibbs l'un de ses plus dignes salut militaire lorsqu'il lui posa une dernière question. Son bras retomba alors lourdement sur son oreiller et il hésita une seconde avant de répondre.

-Peut-être...Je n'en suis pas sûr...

Il s'essuya la bouche d'un revers de main avant de poursuivre.

-Un de mes amis, le lieutenant Carpenter, m'a rendu visite quelques heures avant "ça"...On s'est engueulé...Mais ça ne veut peut-être rien dire...

Croyez-moi parfois une simple engueulade peut suffir pour faire des choses telle que ce que l'on vous a fait.

Il écrivit ce que le capitaine venait de lui dire et lui demanda par la suite:
Quel était le sujet de votre dispute au juste?

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-Il me donnait sans cesse des conseils sur la façon de garder une nana...Ce jour-là, ça m'a gonflé, je lui ai dit que c'était totalement idiot de sa part puisqu'il n'avait pas eu de filles depuis des mois...D'ailleurs, si ça se trouve, c'est parce qu'il préfère les mecs, j'sais pas, moi. Enfin bref...Il m'a répondu que j'étais un ingrat, que je ne méritais pas son amitié, et d'autres trucs dans ce goût-là que j'ai oublié...Il est parti sans dire au revoir et c'est tout...

Il fit un geste de la main pour exprimer quelque chose qui ressemblait plus ou moins à du mépris, ou à de l'indifférence, puis commença à se masser l'épaule dans un mouvement lent et circulaire.
Au mieux, il sortirait d'ici dans quelques semaines. Au pire...Il n'osait pas y penser.

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